Retour sur son après-midi à Camopi en photo ou en vidéo (plus bas).
Le président de la République était en visite à Camopi lundi 25 mars, accompagné du ministre de la Transition écologique et de la Cohésion des territoires, Christophe Béchu, et de la ministre chargée des Outre-mer, Marie Guévenoux.
Emmanuel Macron s’est d’abord rendu à Saint-Soi, où il a parcouru un bout de forêt amazonienne. Le directeur du Parc amazonien, Pascal Vardon, et chef de la délégation territoriale de l’Oyapock, Jammes Panapuy, ont pu montrer au président quelques espèces emblématiques, notamment celles que les peuples autochtones valorisent dans la fabrication de leurs ustensiles et artisanat.
Le président a ensuite visité l’abattis de Jammes Panapuy. Avec le maire de Camopi et les représentants des communautés teko et wayãpi, il a pu partager l’importance de l’abattis pour ces communautés, véritable pilier alimentaire et culturel.
Emmanuel Macron s’est aussi intéressé à la ‘‘maladie’’ qui frappe le manioc depuis près d’un an. La présidente directrice générale du Cirad a exposé l’état des connaissances sur ce dossier : un mal multifactoriel dû possiblement à un champignon, insecte et/ou bactérie (les hypothèses sont en cours de vérification) mais aussi au changement climatique, a-t-elle souligné.
Après cette visite, le président a reçu une explication sur les transformations du manioc et a pu voir les objets utilisés pour ce faire (grage, tamis, couleuvre…).
Au nom des habitants de Camopi et du Parc national, il s’est vu offrir un ouvrage photo Dans les forêts de Guyane, le livre Aroumans, ressource et usages des Amérindiens du sud de la Guyane, ainsi qu’un tamis et des calebasses de Camopi.
Le chef de l’État s’est ensuite prêté au jeu des selfies et a échangé avec quelques habitants venus le rencontrer, avant de goûter au cachiri.
Puis il est reparti en pirogue vers la base de la Légion étrangère, où une séquence orpaillage était programmée.
Le président a aussi rencontré des hommes et une femme impliqués dans la lutte contre l’orpaillage illégal, sur le terrain comme à la tête des opérations. Parmi eux, un inspecteur de l’environnement du Parc amazonien, habitant de Camopi.
Après cet échange, il a pris la parole devant les journalistes présents pour confirmer le soutien de l’État, avec un nouveau dispositif Harpie 3, renforcé.
« Ce vers quoi je souhaite qu’on aille (...) c’est dans certains endroits d’installer de l’orpaillage légal », a-t-il indiqué en exprimant son souhait d’une consultation avec les élus locaux pour « structurer une filière (en dehors du périmètre du Parc national, a-t-il précisé avant) qui n’utilise pas le mercure, qui soit exemplaire en la matière ».
Une stratégie qui pourrait contribuer à réduire l’activité des illégaux, selon lui, et qui ne saurait s’exempter d’une coopération renforcée avec les pays voisins.
Le président, qui a évoqué une « nouvelle stratégie transfrontalière », poursuit d’ailleurs son voyage au Brésil.
Emmanuel Macron a profité du moment pour saluer la mémoire de Guy Barcarel, chef coutumier teko et piroguier pour le 3e REI, décédé au cours d’une poursuite d’orpailleurs illégaux en pirogue, en mai 2023.
À l’issue de cette allocution, le président est reparti à Cayenne, par les airs, en fin d’après-midi.
Les défis du Parc amazonien présentés au président
Au cours de cette visite dense, le directeur du Parc amazonien de Guyane a pu évoquer plusieurs actions d’un parc national un peu atypique, protecteur des patrimoines naturels, humains et culturels.
Mais aussi de mettre en avant les attentes locales : éradication localisée de l’orpaillage, besoin évident d’une coopération transfrontalière renforcée, et appui d’un développement local adapté au contexte local répondant aux besoins d’une jeunesse en explosion démographique. Sans oublier, sur la façade ouest, la colossale difficulté à bloquer la logistique de ravitaillement de l’orpaillage illégal, venant du Suriname, responsable de plus de 80 % du maintien des chantiers illégaux sur le périmètre du Parc.
En se rendant sur cet abattis camopien, le président a pu notamment voir la "vraie" couleur de l'eau des criques et fleuves, translucide, en contraste avec celle qu'il a vu, en survolant la crique Bagot, fortement orpaillée, sur le trajet Cayenne-Camopi.