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Le patrimoine culturel matériel des communautés du sud de la Guyane s’exprime au travers de bâtiments qui témoignent encore aujourd’hui des techniques de construction traditionnelles (patrimoine bâti) et d’objets témoins de l’histoire passée mais aussi objets encore utilisés pour les cérémonies, la décoration ou la vie quotidienne (patrimoine mobilier).
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Inauguration de l'Ototpan de Cayodé, toiture à double pan, cloisons et murs en bois © PAG

 

Patrimoine bâti

Des ouvrages caractéristiques du patrimoine bâti des principales communautés du sud de la Guyane peuvent être observés sur chaque commune.

Dans les villages amérindiens du Haut Maroni et du Haut Oyapock, plusieurs modèles de carbets traditionnels existent : tukusipan wayana à Elaé ou Taluen (Maripa-Soula), tapitoloa wayampi à Yawapa (Trois Sauts), Otopan de Cayodé (Maripa-Soula). De forme, d’architecture et de modes d’assemblages différents, ces carbets ont tous en commun l’utilisation de bois ronds pour les poteaux et la charpente et de perches, lianes et feuilles de palmier (essentiellement le Waï) pour la couverture.

Sur la commune de Papaïchton, plusieurs quartiers (Boniville, Loka, ancien Assissi) rassemblent des cases traditionnelles aluku, en plus ou moins bon état de conservation.

Le modèle architectural est généralement caractérisé par des maisons de petite taille, établies sur un sol surélevé, avec une toiture à double pente forte, en forme de V inversé. Certaines maisons sont ornées avec des Kopo en bois (sculpture sur la façade des maisons). Des variantes architecturales existent : maisons sur pilotis, maisons à étage.... Ces maisons étaient traditionnellement construites avec des bois sciés pour l’ossature, les murs, cloisons et plancher et des bois ronds, lianes et feuilles de palmier pour la couverture. Aujourd’hui, la tôle a remplacé les feuilles et par commodité, les bois sciés ont parfois remplacé les bois ronds pour les chevrons.

Enfin, des bâtisses d’architecture créoles peuvent être observées à Maripa-Soula et Saül.

Les maisons créoles, en bois, sont généralement conçues sur un niveau sur pilotis bas avec une toiture à deux pentes et  coyaux et une galerie couverte à l’avant de la maison. La couverture est en tôle ou en bardeaux de Wapa. Des cloisons et mûrs en gaulettes (bois fendu) sont aussi remarquables sur les maisons créoles de Saül. Enfin, dans cette même commune se trouve le premier édifice classé de la Guyane. Il s’agit de l’église paroissiale Saint-Antoine de Padoue, construite entièrement en bois et affichant en façade deux tours symétriques.

 

Patrimoine culturel mobilier

Comme autant de témoins de l’histoire passée ou de la culture et des pratiques encore vivantes, plusieurs objets sont observables dans chaque village ou communauté du sud.

A Saül, les batées, le matériel d’extraction, les bouteilles en verre retrouvés en forêt, témoignent du passé aurifère du bourg.

Les Wayana et les Aluku présentent des éléments de décoration emblématiques de leur patrimoine mobilier. Le maluwana ou ciel de case orne le haut du dôme du tukusipan (carbet communautaire) chez les Wayana. Ce disque de bois est découpé dans les contreforts du fromager ou dans l’Acajou et orné de créatures des temps anciens réalisées à partir de pigments naturels.

Chez les aluku, le tembe, décor fait de formes entrelacées, peintes et/ou sculptées, se retrouve sur différents objets : ornement des façades des habitations (Kopo), décoration des bancs en bois ou des pagaies, proues des pirogues. Les motifs permettent de délivrer des messages. Dans le domaine vestimentaire, le panghi, pagnes brodés avec différents types de motifs colorés est aussi emblématique du patrimoine aluku. Ces pagnes sont portés dans la vie quotidienne et pour les cérémonies.

Les différentes communautés amérindiennes conservent aussi des éléments vestimentaires ou d’ornement pour les cérémonies : coiffes, kamisa tissées en coton, masques tamok... Les coiffes en plumes des Wayana-Apalaï par exemple sont réutilisées d’un maraké à un autre et conservées dans des olok ene, coffres tressés en fibres de palmier. La perlerie, avec la fabrication de bijoux, constitue aussi un patrimoine important, dont les formes et les couleurs évoluent rapidement au gré des modes vestimentaires et différentes influences.

Enfin, une large gamme d’objets d’usage quotidien encore aujourd’hui vient enrichir le patrimoine culturel mobilier. La vannerie, tressée à partir d’Arouman ou de feuilles de palmiers,  se décline sous de multiples formes et objets chez les communautés amérindiennes, aluku et créoles : paniers, hottes de portage, boites de rangement, couleuvres pour presser le manioc, tamis etc. Les éléments d’usage quotidien, pour la transformation du manioc notamment, restent très présents chez les trois communautés amérindiennes du territoire.

Par contre, les éléments moins usités aujourd’hui chez les amérindiens (boites de rangement par exemple) ou la vannerie en général chez les aluku et les créoles se font de plus en plus rares. Les objets en bois sculptés d’usage quotidien se retrouvent chez les amérindiens et les aluku : pagaies, bancs, batées pour le riz, tambours, mortiers et pilons, cuillères, pirogues de transport… Ces dernières tendent à disparaître côté Oyapock, remplacées par les coques en alu. Les objets tissés en coton naturel pour le portage des bébés ou les hamacs se retrouvent aujourd’hui exclusivement chez les amérindiens.

Certains objets, même s’ils ne sont plus utilisés aujourd’hui par les communautés, se maintiennent grâce à la vente à des personnes extérieures. La poterie des Wayana et des Wayampi en est un exemple.

Musées d’Amazonie en réseau
Des artefacts ont été collectés depuis le 19e siècle et sont aujourd’hui conservés dans des musées du monde entier. Visitez le musée virtuel.

Les maisons des Noirs marrons de Guyane
Article extrait de IN SITUE, la revue des patrimoines du Ministère de la culture

 


Source URL: https://www2.parc-amazonien-guyane.fr/node/2427